D'Elbeuf à Paris : la Seine en crue...

L'équipage de la première semaine...

Claude L, second et Claude A, captain...  Sylvie et Pierrot...

 

le kir de l'amitié sur le ponton de St Aubin

   28 AVRIL 2001

Quand nous trinquons ce samedi matin de fin avril avec Jacquot, la cheville ouvrière du port de Saint Aubin et Maurice, jovial propriétaire d'une jolie vedette, nous n'imaginons pas que nous allons tant souffrir et du froid et de la crue de la Seine. D'autant qu'un timide soleil nous accompagne. Jacquot offre à Sylvie un brin de muguet et nous larguons les amarres à 11 heures...

Le premier incident survient : j'ai mis au point un système de rétroviseur emplanté sur un tasseau de bois et qui permet au barreur de surveiller le refroidissement du moteur sans se pencher à l'extérieur... et ça marche... mais, mal emmanché, nous le perdons d'entrée. Récupéré, il fonctionnera parfaitement pendant toute la croisière.

le Val Saint Martinà 14h40, le Bananec franchit la première des 265 écluses à passer pour déboucher dans la Mer Noire, celle d'Amfreville sous les Monts en compagnie de deux énormes péniches. 

Le courant est énorme, nous luttons avec toute la puissance du moteur qui tourne plus vite qu'à l'ordinaire (3400 tours alors qu'habituellement, je lui en demande 3000). J'ai réinstallé le GPS qui s'avérera parfaitement utile pour connaître la vitesse réelle fond. Notre vitesse oscille entre 3,5 et 5 Km/h  ce qui est bien faible (et oui, nous sommes passés à l'échelle Km sur le GPS... et sommes loin de l'eau salée...). 

La première halte sera aux Andelys, port charmant, accueil d'un employé de la commune qui nous rétablit l'électricité et nous demande 50 francs pour la nuit. Le port est à la limite du praticable en raison de la crue : il faut sauter pour rejoindre la rive ! Sylvie qui représente la note de douceur dans l'océan de brutes que nous sommes rapporte un bouquet de lilas qui va égayer et embaumer le bord même après son départ....

29 AVRIL 2001

Au matin, le ciel est clair... la Seine a encore montée dans la nuit... Le départ est difficile pour remonter le courant... Avec Claude, nous sommes content d'avoir évité les écueils du départ... pendant que le reste de l'équipage se repose...  Un dernier regard sur le magnifique château Gaillard... 

Pierre barre, le capitaine fait la route... et Sylvie lit !Se profile bientôt la grande écluse de La Garenne... Impressionnant de passer sous les portes levées de ce grand sas... On découvre ces nouvelles techniques inconnues pour nous autres, habitués aux écluses de mer où il n'existe guère de régulation : on entre et on sort ! Nous sommes étonnés de ne passer que 5 minutes dans le sas... On commence à tirer des enseignements pour la suite... qui ne seront pas toujours heureux... 

A main gauche, nous découvrons un site superbe dominé par le château de La Roche Guyon... sous le soleil. Au barrage de Méricourt, le téléphone mobile (qui se révèlera très utile pour joindre les éclusiers) nous permet de comprendre que l'écluse est fermée (sous les eaux ?) et le barrage ouvert. Je dois dire que si ça parait évident pour les habitués de la voie d'eau... ça demeure obscur pour des plaisanciers de passage... A ce moment je veux dire - et j'y reviendrai - que RIEN,  si j'excepte la taxe pour utiliser la voie d'eau, n'est fait pour aider le plaisancier. 

La crue de la Seine a fini par nous piéger: à la sortie du bras de Limay, le moteur s'arrête... plus de fuel ! J'avais estimé la consommation à 1,3 / 1,5 litre/heure... et nous avons consommé avec la crue... plus de 2,5 litres. Nous sommes au droit de la darse de la centrale de Porcheville. Pendant que nous dérivons, une péniche qui, quelques instants avant était en difficulté, plantée dans la darse Dreyfous Ducas nous a proposé un secours... Je tire mon chapeau à ce marin ! Nous mettons à l'ancre et réamorçons  le moteur... Un moment de chaleur où je veux souligner le sang froid démontré par Sylvie me passant outils et papiers absorbants... 

Quand nous nous sommes arrêtés à Meulan, la journée avait été dense... la nuit fut bonne... et tranquille !

30 AVRIL 2001

écluse d'Andrésy franchie par le barrage.Au matin, il fait froid et nous partons sous la pluie... Avec la crue, à l'écluse d'Andrésy, le barrage est ouvert...

 Et, nous atteignons Conflant Sainte Honorine...  Étonnante cette église flottante où les mariniers viennent le dimanche suivre l'office...  Mais, sous la pluie, nous ne goûtons pas vraiment le passage dans la Mecque de la batellerie... Il faut de plus éviter sans cesse les troncs, branches, fûts, débris divers et même... des îlots entiers... 

sous la bâche... Il pleut !

 

 

En approche de l'écluse de Chatou, le RENOIR, bateau de croisière à passagers nous passe juste avant le sas... L'éclusier nous ferme la porte au nez alors que le Bananec pouvait entrer dans l'écluse et nous fait "mariner" 20 minutes ! Je suis furieux et le dit au préposé : "priorité à ceux qui travaillent..." voilà sa réponse ! Nous en reparlerons quand je dresserai le bilan des services VNF offerts généreusement aux plaisanciers contre pas mal de monnaie...  

 

la grande écluse de SuresnesEn route, nous sommes dépassés par des Anglais se rendant à Paris, les rares plaisanciers que nous rencontrerons en route, avec qui nous avions passé une soirée aux Andelys... mais, ils filent un train d'enfer et la bouteille d'huile d'olive gicle dans la cuisine : maudits Anglois !!!

Nous sommes bientôt confrontés à une nouvelle arnaque de VNF : passé une certaine heure, la plaisance ne passe plus, le commerce, oui ! Mais la plaisance peut passer à condition de payer ! C'est ainsi qu'il faut débourser 120 francs pour franchir l'écluse de Suresnes qui nous ouvre le chemin de Paris... et de ses bateaux-mouche. 

Demain est 1er mai et là, c'est le seul jour de l'année où rien ne bouge à VNF... Pas le choix, nous passons et nous payons ! (pour l'anecdote, le paiement doit arriver par courrier, je l'ai reçu... c'est à pleurer : on m'a facturé 2 passages au même prix et à la même heure pour le même bateau ! Comprenne qui pourra... moi, je renonce !).

Nous finissons, dans la nuit noire par arriver au Port des Champs Elysées !

1er MAI 2001

le Port des Champs Elysées... c'est si bon !

Les écluses étant closes pour la journée, nous passons cette escale parisienne à recevoir quelques amis, familiers du bord quand le Bananec était en eau salée : Marcel et Nasser... Mais, il faut ici dénoncer les irresponsables conducteurs de bateaux-mouche dont on nous offre quelques récits croustillants, qui se foutent parfaitement des règles de vitesse, de route... et qui semblent d'après les riverains habitant en péniches, INTOUCHABLES !!! Les pétitions ne font RIEN, les infractions constatées ne sont pas sanctionnées par les autorités...

Reste que pour nous, l'escale parisienne restera la plus MAUVAISE de cette étape : nous avons tenus verres et assiettes pour déjeuner. Et, le soir, lorsque la crue de la Seine nous a obligé à squatter le ponton privé de Monsieur FABIUS, le chaumard bâbord a été arraché par le passage dément d'un bateau-mouche... qui espérait une rotation supplémentaire avant minuit...

Heureusement, la vue merveilleuse de la Tour Eiffel flamboyant dans un coucher de soleil nous a consolé de cette particulièrement mauvaise escale...

la merveilleuse Tour Eiffel...

Petit précis à l'usage des plaisanciers transitant à Paris : le Port des Champs Elysées est confortable... en dehors des périodes de crue... Le responsable du TCF (car ce port est géré par le Touring Club de France) s'est révélé très sympathique, à l'écoute et désireux de nous rendre service... Douches, assistance, facilités et conseils...