Le Main romantique, de l'embouchure àWürtzburg ...

8 mai 2002

l'embouchure du MainEn quittant Mayence pour embouquer le Main, il faut traverser le Rhin en le remontant sur 300 mètres : c'est là qu'on mesure combien il eut été difficile de naviguer dans ce sens avec un petit moteur... C'est avec soulagement que nous pénétrons dans le calme de la rivière.

Nous nous présentons au mieux par une journée ensoleillée à la première écluse de Kostheim derrière une immense péniche. Nous sommes optimistes quelle erreur, le feu passe au rouge derrière l'automoteur et nous sommes réduits à nous zoner au bord du canal et à attendre.

Enfin, après un demie heure, une péniche avalante sort de l'écluse; je me précipite. La porte se referme à nouveau. En colère, nous nous précipitons jusqu'au bureau éclusier où les charmants préposés s'excusent de "nous avoir pas vu". Voilà nos premiers déboires avec les écluses du Main !

Heureusement qu'il ai fait beau et que le BANANEC soit un beau bateau !!!!!!

l'attente à Koshteim_____Francfort, Main-hattan...

Nous avançons ensuite sans trop de problème jusqu'au passage de Francfort. La ville est impressionnante avec ces tours gigantesques. Mais nous retiendrons surtout la difficile remontée du port orienté au nord sur plus de 5 km avec un vent terrible de face et une profusion d'objets flottants comme nous n'en avions même pas rencontrée sur la Seine en crue...

le calme port de MainkurPassé ce secteur délicat, nous aspirons à une halte tranquille et elle se présente sous les traits du port de plaisance du Sportboothafen Maintal. 12€ de frais de port, douche, eau... mais pas de fuel. Le principal problème du plaisancier qui remontera le Main sera celui-là : TROUVER DU CARBURANT. A Francfort, il y avait une péniche carburant... mais elle était en livraison. Plus loin, nous trouverons une possibilité... avec minimum de 400 litres !

Nous sommes relativement désespérés car la station est à 3 km soit 6 AR avec notre chariot qui peut porter 50 litres... Mais, ici, ne jamais désespérer car les plaisanciers locaux ont cette admirable capacité de solidarité des marins... Aussi, que le capitaine du "Liberty" qui nous a mené avec sa voiture à la ville voisine pour prendre 100 litres de fuel soit ici remercié de son aide et de sa courtoisie.

Il faut dire que tout au long des voies d'eau allemandes nous ne rencontrerons que sympathie et complicité... Et aussi des paysages verdoyants avec moult châteaux, églises, villages charmants.

Chateau Philippsruhe ____Steinheim____Selingenstadt

9 mai 2002

Au petit matin, nous quittons Mainkur avec un beau soleil. Tout va bien jusqu'à l'écluse de Kleinosthein... qui se ferme à notre étrave. On décide d'emprunter l'écluse plaisance, dimension 13m X 3m50. Il y a du monde et ça semble bien long pour sasser. Arrive notre tour, nous entrons seul et il ne se passe RIEN. Derrière, ça gueule sérieux en allemand peu amène. Enfin l'écluse manoeuvre et, arrivé en haut, une plaisancière nous indique qu'il fallait aller manœuvrer nous-même. Voilà la cause de l'émeute ! Nous sortons de là au chausse pied : terminé pour nous les écluses plaisances !

écluse de plaisance... la galère_____Le chateau d'Aschaffenburg

Nous nous arrêtons le midi dans la charmante ville d'Aschaffenburg dominée par son château. Le port étant dans un bras du Main et ouvert aux deux bouts, nous tentons de traverser : plantés rapidement près des pontons. Un plaisancier local nous aide à faire demi tour sur place en nous déhalant et nous partons de là sans demander notre reste... Ouf, en eaux profondes (2 m) !

le Main tranquille_____au port d'Erlenbach

Au fil de l'eau, le Main serpente maintenant entre des collines boisées et des vignes. Les bacs se font de plus en plus nombreux, la plupart portant 2 voitures à la fois. Au soir, nous nous arrêtons dans le port champêtre d'Erlenbach où nous accueille la responsable qui se met en quatre pour nous. Une bonne douche chaude est bien agréable.

10 mai 2002

Notre navigation est maintenant bien rythmée par les écluses nombreuses qu'il faut négocier : Klingenberg 55 mn, Freudenberg 1 heure... On s'habitue et on profite du paysage. Les maisons de vignerons nichées au pied des collines sont magnifiques. A l'écluse de Faulbach, après 1/2 heure Jean Claude décide d'aller voir l'éclusier et c'est avec les mains, la montre et un sabir personnel genre espéranto qu'il réussi à nous faire ouvrir l'écluse après une heure d'attente.

Klingenberg_____attente à l'écluse de Faulbach

A l'écluse suivante, Faulbach, miracle ! Le travail de fond de Jean Claude a payé, c'est maintenant l'éclusier qui se déplace pour nous donner l'heure de passage. Il faut dire qu'il a expliqué à tous qu'on vient de la Manche et qu'on va... en Mer Noire. Ça soulève à chaque fois des sifflets enthousiastes. Le sasseur nous programme même pour le lendemain.

chateau de Wertheim Le Main à présent serpente de plus en plus et la boussole fait le tour de la rose des vents. Les paysages sont particulièrement jolis. Ce midi nous nous sommes arrêtés dans la ville musée de Miltenberg où nous avons rencontré un Allemand dont le bateau est à... Antibes ("ici, on se caille" nous a-t'il dit...).

En route, des villages fortifiés, des châteaux, des églises typiques. Worth et son pont fortifié, les ruines d'Henneburg, le château monumental de Wertheim, autant de sites merveilleux que nous découvrons au détour des méandres

Au soir, nous rentrons avec précaution dans le petit havre de Bettingen. Un gars vient nous aider à apponter et nous indique le Club House où nous pourrons trouver un bon accueil nous dit-il.

Il est vrai que nous n'oublierons pas la chaleur de Harry et de ses amis du Wasserport-Verein Wertheim-Bettingen e. V. Sans commentaire quelques moments forts de notre soirée...

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Ce que nous garderons de cette superbe soirée, c'est l'explication de Harry sur ce que sont les vacances nautiques de ceux qui sont appontés ici : selon lui, pour l'été il existe 2 circuits possibles : le "kleine sauerkraut tour" et le "gross sauerkraut tour" ! Le premier c'est un tour assez court avec Moselle et Strasbourg et l'autre, un peu plus grand avec Toul et Nancy au programme... Ah, j'oubliai, il faut quand même traduire pour ceux qui ne comprennent rien à la langue d'Outre-Rhin : petit tour de choucroute et grand tour de choucroute...

Bettingen, la douceur du temps...11 mai 2002

Au matin, après l'orage, le départ de Bettingen sera un peu fastidieux : Jean Claude, à la barre s'enflamme et coupe pour retrouver le chenal : sanction immédiate, nous sommes plantés sur l'enrochement... Mais, c'est sans problème. Cependant, quand le soir viendra, nous aurons quand même touché 3 fois : mauvais jour !

A l'écluse de Lengfurt, nous devons croiser au pavillon bleu. Aux 2 écluses suivantes, nous sommes toujours dans le cul des péniches qui ont cherché à nous semer, surtout la péniche hollandaise. A ce moment du voyage je veux dénoncer le mauvais esprit (et je veux rester modéré) des Hollandais ! Ces patrons se conduisent comme des flibustiers de la voie d'eau. C'est nul bien sur mais qui d'entre-nous qui navigue en mer n'a pas entendu des pécheurs déclarer : "nous on travaille, eux y s'amusent !" Oui bien sur mais eux, y s'amusent à faire disparaître notre richesse commune : le poisson ! Bref, ce charmant batave ira jusqu'à doubler en courbe un convoi poussé pour nous semer en route...

Dana, une péniche belge bien sympa...Mais heureusement, tous les patrons mariniers ne sont pas aussi désagréable... Nous avons eu le plaisir de rencontrer le boss du "Dana" Mr Verstraeten de Lummen en Belgique en attente de passage. Ce charmant marinier nous a donné bien des informations pratiques pour négocier les jours à venir.

Le midi, nous nous arrêtons pour déjeuner et visiter à Lohr. Le port est agréable et un allemand passionné de voile vient discuter avec nous pour connaître le but de notre voyage, intrigué par le pavillon français.

Vers 14.15, nous nous présentons à l'écluse de Steinbach. Elle est ouverte mais... le feu au rouge. Nous tournons. Au bout de 15 à 20 minutes d'attente, je décide d'y entrer : engueulade immédiate en allemand guttural, très même !!! Nous ressortons, je pense que je sui entré trop vite car l'allemand plaisancier de Lohr m'a annoncé des écluses automatiques... Regueullante et je comprends enfin qu'il faut attendre un montant. Ceci constituera notre record absolu d'attente de passage : 2 HEURES et au sortir, en prime, PAVILLON BLEU. Il y a des mauvais jours.

En suivant, au km 207, nous touchons grave sur un secteur annoncé sans problème. Puis nous arrivons enfin à côté de Karstald au Yacht Club de Laudenbach : pas de fond, planté dans l'entrée. Retour à un quai abandonné à Karlstadt. C'est là qu'on doit faire un changement d'équipage. Après un bon repas dans un restaurant de la ville (ne prenez qu'un plat, ici c'est très copieux) Jean Claude me propose de continuer demain jusqu'à Würtzburg qui semble plus agréable. Je devais attendre ici 3 jours !

12 mai 2002

Le lendemain, nous quittons le quai pourri à 5 heures. Dommage qu'une aussi jolie ville n'ai pas un quai de plaisance. Au sortir de l'écluse d'Himmelstadt, nous croisons une péniche française au gabarit Freycinet : comme un jouet de poupée sur ces canaux à grand gabarit. Je garderai dans le souvenir œil étonné de ce français qui ne pouvait en croire ses yeux : un voilier de chez lui si loin de la mer ! Chacun routant en sens inverse, pas de contact et il doit encore se demander s'il a rêvé ou non... Dans l'écluse, je suis tellement étonné de cette improbable rencontre que je manoeuvre comme un pied : j'éclate la girouette sur le bajoyer de l'écluse... Souvenir, souvenir !

attente de l'écluse à Würtzburg

Nous voici à Würzburg. Le plus vieux pont d'Allemagne (1100 et quelque...) se profile devant nous sous un ciel gris et pluvieux. Passé cette dernière écluse, je verrai partir Jean Claude et j'attendrai 2 jours mon nouvel équipier Claude qui a fait avec moi toutes les étapes de l'an passé. Nous approchons du ponton, deux membres du YC de Würzburg se précipitent pour nous aider. C'est d'autant plus utile que le courant est très fort. Mais, à deux mètres du ponton, plantés. Les 2 gars solides arrivent à nous riper au quai. Belle manoeuvre... et quiétude immédiate du port.

Et c'est dans ce cadre extraordinaire de Würzburg que nous avons rencontré cet extraordinaire Theo le Grand, constructeur, skipper, capitaine et équipage du PILGRAM PROGRESS.