LE MARTYRE DU DANUBE...

C'est dans la mine d'or "Aurul", propriété de la société australienne "Esmeralda Exploration" que la rupture d'une digue suite aux précipitations importantes qui se sont produites dans la région, a déversé le 30 janvier 2000 100.000 litres d'eau cyanurée qui se sont écoulées dans la rivière Somesul (Szamos en hongrois), sur le territoire de la commune de Sasar. Situé près de Baia Mare, au cœur des Maramures, cette rivière coule vers l'ouest et se jette dans la plus grande rivière hongroise, la Tisza, affluent du Danube. 

 

En Roumanie et en Hongrie, l'empoisonnement des eaux à provoqué la mort de toute la faune et c'est plus de 83 tonnes de poissons morts qui ont été sorti des cours d'eau. "C'est comme si une bombe à neutrons avait été jetée, tous les organismes vivants ont été détruits. C'est la pire catastrophe écologique en Europe de l'Est depuis Tchernobyl" en 1986 a affirmé Zoltan Illes, Président du Parlement Hongrois pour l'environnement. Le 13 février, la pollution a pénétrée en Yougoslavie qui a donc été touchée à son tour.

 

                                        Une idée du désastre pour les pêcheurs du fleuve

Le flot cyanuré à atteint le Danube en Serbie, dans la ville de Stari Slankamen et a poursuivi sa route atteignant Novi Sad et Belgrade le 13 février provoquant l'ire du gouvernement de Milocevic... La carte ci-contre montre les parties déjà touchées mais, le polluant va continuer a descendre le cours du fleuve bleu et on craint particulièrement les dégâts qu'il pourrait provoquer dans le delta du Danube, une des réserves naturelles les plus importantes à l'échelon de la planète. Les scientifiques s'interrogent pour savoir si les oiseaux consommant des poissons contaminés ne vont pas être à leur tour victime du cyanure ou condamnés à mourir de faim...  (Source : AFP)

Dors et déjà, l'on craint la disparition des espèces représentées ci-dessous : silure, Apron, Huchon, Alose et Sandre pour les poissons et Balbuzard pêcheur pour les oiseaux (Source : Muséum d'histoire naturelle)

 

 

Pour la Serbie, cette nouvelle pollution s'ajoute malheureusement à celle habituelle des complexes industriels qui rejettent sans vergogne leurs effluents (voir la page yougoslave de mon voyage où je cite Rod Heikell qui raconte un mouillage pour la nuit effrayant...), à celle de la guerre d'avril dernier qui a vu les bombardements de l'Otan éclater des cuves de chlore, de pétrole qui ont déversé leur contenu dans le fleuve et les résidus d'uranium appauvri qui souille à présent les eaux du Danube... 

Ceci étant, il semble néanmoins que cette dernière pollution tend à disparaître assez rapidement puisqu'à Belgrade, le 14 février, la teneur des eaux en cyanure n'était plus que de 0.06 milligramme par litre d'eau alors que le seuil de tolérance est fixé à 0.1 mg/litre (pendant le passage mortel, la teneur a été de 1.1 mg/litre).

Notons hélas que la vague mortelle continue à descendre vers le delta et va donc toucher la Bulgarie avant d'a nouveau affecter la Roumanie. On en est à craindre aussi que la Mer Noire soit en partie touchée jusqu'à l'Ukraine... Il reste à présent a espérer que les différents affluents du fleuve vont continuer a diluer le poison pour le rendre inopérant... et que le fleuve retrouve sa sérénité. Mais il faudra longtemps pour que la faune se recompose...

LE CYANURE A-T'IL TUÉ ? Pas si sûr...

  

Le 16 février, Petre Marinescu, directeur de la Régie des Eaux roumaines a grandement mis en doute la responsabilité du cyanure dans la mort des poissons de la Tisza et du Danube. Il étaye sa thèse sur le rapport de laboratoires. En effet, plusieurs scientifiques  évoquent un recours excessif à l'eau de javel (hypochlorite de sodium) qui constitue un neutralisant du cyanure. 

"Les poissons repêchés présentent des symptômes indiquant que le pollution ne provient pas du cyanure. Une trop grande quantité d'hypochlorite  de sodium provoque ce que nous avons vu sur les images de télévision, des poissons agonisant le ventre en l'air, au comportement erratique, bougeant la queue, la bouche ouverte et les branchies palpitantes" a ajouté le haut fonctionnaire roumain. 

Le jeudi 17 février, les spécialistes roumains étaient unanimes pour dire que le taux de la pollution du Danube était en forte baisse (0.013 mg/litre à Orsova - 450 km du delta) sur tous les points de contrôle le long du fleuve. En Roumanie, le' niveau admis en cyanure se situe à 0.01 mg/l.

La communauté européenne s'est émue de cette "grave" pollution et tout en débloquant un fond de sauvegarde a demandé à la société australienne de reconnaître sa responsabilité pleine et entière...

Le 20 février, on a appris que la digue de la de la mine d'or de Baia Mare sera surélevée afin d'empêcher un nouveau déversement. De plus, la société responsable a annoncé la venue de son directeur général, Mr James Taylor, accompagné d'un groupe d'experts australiens.

Ce même jour, aucun poisson mort n'avait été retrouvé sur la rive bulgare du Danube alors que la pollution avait atteint le territoire de l'Ukraine où l'agence Iter-Stass rapporte qu'elle sera moins grave qu'en amont, citant  le ministère ukrainien de la Sécurité de l'Environnement. Le Danube longe l'Ukraine méridionale sur 120 kilomètres, constituant une frontière naturelle avec l'est de la Roumanie, jusqu'au delta.

Mi-mars - Selon les informations parues dans le N° 32 de "La Roumanie au quotidien", bimensuel d'actualité d'expression française, "les poissons de la Tisa seraient morts à cause de l'hypochlorure hongrois, selon les dernières analyses pratiquées." L'eau de javel aurait donc été déversée en trop grande quantité pour essayer de neutraliser le cyanure. "La preuve de cette allégation est le fait que les poissons, dans la partie roumaine de la rivière, ne sont pas morts car on a utilisé de l'hypochlorure neutralisant en quantité raisonnable". 

NOUVELLE FUITE DE LA DIGUE  LE 26 MARS 2000

Selon Lumini]a Morianu, de Technical University of Budapest, une nouvelle brèche s'est ouverte dans la nuit du 26 au 27 mars dans la digue du bassin de décantation de la succursale minière de Baia Borsa. C'est 40 à 50 litres par seconde d'eau polluée qui s'est donc échappé de la réserve. Des contrôles effectués dans la Tisa à hauteur de Sighet ont démontré la présence de plomb environ 2,7 fois plus que les normes autorisées par les directives de l'Union Européenne...

NOUVELLES D'ESPOIR (2002)


Contacter le capitaine