8 MAI 2001
Le
soleil est enfin avec nous à l'attaque du Canal de la Marne au Rhin - partie
Ouest... Nouvelle désillusion VNF (un feuilleton !) : le passage des péniches
commence à 7.30 mais la plaisance ne passe qu'à 8.30. L'éclusier et sa femme
arroseront donc leurs fleurs pendant 45 minutes avant de nous faire passer.
L'heure c'est l'heure, non de Dieu !!!
A 8.30, dès la seconde écluse, changement de tactique : un éclusier à mobylette nous informe qu'il va nous suivre de sas en sas jusqu'à trouver un bateau avalant.
A partir de maintenant, les écluses sont manuelles... et nombreuses. Aussi, afin de gagner du temps, nous prêtons la main à l'employé de VNF.
Les 4 premiers sas se présentent bien mais à l'écluse d'Epargny, nous trouvons un avalant dans le sas. C'est alors environ 1/2 heure d'attente... Rebelote écluse suivante, 360 mètres plus tard : un autre avalant. Nous commençons à craindre le pire. Un peu plus haut, nous allons être bloqués par l'heure du casse croûte de l'éclusier. Le bief suivant déversant au dessus de l'écluse nous suggérons de nous
enfermer
dans le sas le temps de son déjeuner afin que l'écluse se remplisse seule...
Il accepte.
Cette journée va nous paraître un peu fastidieuse à cause du nombre impressionnant d'écluse qu'il nous faudra franchir, 24 dans la journée.
Au fil du jour, nous trouvons des maisons éclusières de toute beauté mais qui ont été pillées, délabrées, abandonnées, murées mais trop tard à l'évidence... Nous demandons à notre éclusier suiveur pourquoi cette triste situation :"Gabegie de VNF, ils n'ont pas voulu vendre ou louer, à part quelques maisons..." nous dit-il, une once de tristesse dans la voix. Nous sommes proprement atterrés de voir dilapider le bien public, notre bien !
Le parcours est sinueux et charmant... Certaines écluses, nichées dans les bois sont bucoliques...
Au soir, nous nous arrêtons à Mussey, pris par l'horaire débile de VNF, les écluses fermant à 17.30... pour la plaisance tandis que les automoteurs continuent de passer bien qu'un panneau tout neuf nous indique qu'à cette saison la plaisance passe jusqu'à 18.30. On n'y comprend plus rien.
Dans ce charmant village, nous conserverons un souvenir ému des patrons du "Bar des Amis", des clients en ce jour de concours de pêche : Claude a d'ailleurs obtenu des vers frais pour pêcher de 2 copains rencontrés là...
9 MAI 2001
Au
matin du 9, nous quittons Mussey, son bar de Amis et sa quiétude en empruntant
une écluse un peu particulière puisque jumelée avec un pont levant, de ces ponts
qui me font penser à Van Gogh en Arles...
Nous en rencontrerons quelques uns en route... Et les écluses se succèdent, monotones d'autant que le ciel est gris, ce matin.
Je me mets à la cuisine assez tôt car je prépare un plat savoureux aujourd'hui : émincé de dinde à l'indonésienne qui réclame moult épices et une macération régulée...
L'éclusier qui nous assiste aujourd'hui se révèle un guide touristique émérite : il nous signale tout ce qui peut être intéressant pour le touriste qui passe au fil de l'eau...
C'est ainsi qu'il nous indique ce passage d'une extrême rareté : voie d'eau, voie ferrée et route se croise au même endroit : au premier plan le Bananec, au dessus, le train et à droite une voiture qui attend que la voie soit libre...
Ce qui est encore plus étonnant, c'est que nous sommes passés là au bon moment...
LE FEU A BORD
A 12.20, je suis aux fourneaux, le repas va être prêt quand soudain, la bouteille de gaz que je venais de changer s'enflamme ! Je gueule :"Le feu à bord" et immédiatement, je sors du coffre un extincteur après avoir mentalement décidé de prendre le plus récent (bien que le plus difficile à atteindre...) Derrière le gaz les flammes atteignent déjà 50 cm autour du réchaud et lèchent le vaigrage. Je dégoupille et balance la poudre... le feu s'éteint instantanément. L'air devient irrespirable, je suffoque mais prend le temps de fermer les robinets du gaz, vérifier qu'il n'y a plus de flammes... Je sors en toussant. Pierre fonce ouvrir le panneau de la cabine avant pour ventiler le carré...
Quelques instants après, je pénètre à nouveau dans l'habitacle, attrape le gaz et l'évacue à l'extérieur. C'est fini ! Ca n'a duré que quelques minutes, très peu vraiment.
Mais ça fait peur... rétrospectivement ! A l'écluse suivante nous informons notre éclusier du problème rencontré : il sera exemplaire, nous proposant de l'électricité 2 sas après afin de brancher notre aspirateur et nettoyer l'intérieur. Il nous laissera aussi dans l'écluse le temps de remettre notre esquif au carré !
Chapeau donc à cet homme de VNF qui a ajouté à sa capacité de guide, celui d'un homme tout simplement ! Merci, l'ami éclusier... votre attitude nous fera oublier les contraintes de VNF (mais nous ne sommes pas au bout de nos peines en ce domaine...) Cet éclusier exemplaire nous aura accompagné de Mussey à Ligny en Barrois : 24 Km et 26 écluses..
Nous
trouvons bientôt la fin des écluses manuelles... On nous confie un boîtier électronique
sensé déclencher l'écluse suivante... Hélas nous n'avons pas vraiment compris
la manœuvre : nous devons déclencher l'alarme. Le préposé VNF arrive, très vite
et nous demande : "Avez-vous des extincteurs non percutés ?". "
Mais pourquoi cette question" demandes-je, railleur ? "Parce que vous
avez eu le feu à bord" nous répond-t-il" !
Ainsi, nous apprenons que le canal est un vecteur d'information étonnant. On sait 2 jours à l'avance qui va passer, d'où il vient, qui il est et comment il est...
Au soir, nous trouvons le havre de paix de Naix-aux-Forges où pour la première fois nous dînons dehors...
10 MAI 2001
Quand nous quittons Naix-aux-Forges au matin, nous passons un pont canal mais ce n'est pas ce qui retient notre attention... En effet, sur la rive se trouve un gigantesque dépôt de bois, arrosé en permanence et qui montre les dégâts provoqués ici par la tempête de décembre 1999.
Quelques écluse plus tard, au sas de Treveray, le chef de secteur nous remet les instructions pour la passage du tunnel de Demange-aux-eaux : un vrai poème... ne pas faire de feu, ne pas crier, ne pas mélanger commerce et plaisance... des contraintes à la pelle... depuis l'affaire du tunnel du Mont Blanc !
Nous poursuivons notre marche, sereins puisque le document qu'on nous a remis indique que la plaisance passe à 13.30... Nous y serons sans problème.
Nous passons l'écluse de Petite Forge. Depuis pas mal de sas, nous avons vu des messages laissés sur les bajoyers par des prédécesseurs... Cela nous donne des idées et nous décidons de laisser une trace de notre passage ici.
Nous voyons se profiler la fin de cette étape : Toul... Mais, nous sommes un peu naïfs ! C'est sans connaître les ruses de VNF, des mariniers...
Quand, heureux de notre timing nous nous présentons dans l'écluse ultime qui va nous permettre le passage du tunnel de Demange-aux-eaux et surtout le franchissement du partage des eaux, devant nous dans l'écluse, il y a ... une péniche... et le marinier nous fait signe de nous arrêter au ponton...
S'en suit une négociation où le marinier nous indique que lui "travaille" qu'il est gros, dans l'écluse, bref que nous sommes... en vacances ! Négociations longues et difficiles et surtout, inégales ! Les agents de VNF, qui savent la réglementation à savoir que nous devons passer cet après-midi et la péniche qui nous bloque, demain matin, se sauvent, se lavent les mains... alors qu'ils doivent faire respecter les règlements de la voie d'eau.
Pierre est furieux : depuis des jours, nous sommes en bute aux règles VNF et pour une fois qu'elle nous est favorable, nous devons laisser passer un automoteur... VNF encore une fois démontre son incapacité, son incurie, sa désorganisation... J'ai du négocier très fort avec mon équipage pour qu'il accepte de laisser passer le gros ! Et je sais qu'ils avaient raison.
Reste que demain, nous devons franchir le tunnel de Demange : 5 Km en ligne droite tirés par un toueur... Aucune information pratique sur la manœuvre et un peu d'angoisse... Nous profitons donc de cette charmante bourgade où nous avons atteint l'altitude de 280 mètres au dessus du niveau de la mer. Nous sommes au partage des eaux : demain, nous deviendrons avalants.
11 MAI 2001
A 8.30, nous quittons Demange pour l'entrée du souterrain de Mauvages pour prendre le toueur.
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Le toueur est un remorqueur qui tire les bateaux dans le tunnel en se halant sur une chaîne étalée au fond de l'eau. Autrefois, une locomotive à voie étroite effectuait la traction. Le toueur tirait jusqu'à 22 péniches. Actuellement, suite à la tragédie du tunnel du Mont Blanc, on ne peut plus faire passer en même temps commerce et plaisance (d'où nos problèmes de la veille...)
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Après la prise du toueur, avant de pénétrer dans le tunnel, le conducteur nous demande d'installer à l'arrière un traînard avec un orin et une grosse chaîne afin de rendre moins volage le Bananec. Dès l'entrée, on voit la sortie située 4 Km 850 plus loin. C'est très impressionnant, il fait frais mais sans plus. Le tunnel est actuellement en réfection jusqu'en 2001.
Nous retrouvons notre autonomie à la sortie du souterrain, bien content que soit passé ce partage des eaux. En passant à Mauvages, nous trouvons les locomotives aujourd'hui inutiles qui pourrissent, témoignage du passé qui va disparaître...
Dès les premières écluses, dans un paysage riant et très agréable, nous constatons qu'il est bien plus aisé et rapide d'être avalant. Les 12 premières écluses sont avalées très rapidement et nous attaquons enfin un bief de 19 Km de long... ce que n'avions plus connus depuis longtemps.
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Et c'est sous un grand soleil que nous terminons cette étape, croisant un voilier suisse qui descend vers la mer, un des rares bateaux de plaisance rencontrés. Le port de Toul se profile et c'est là que se termine cette étape.
Nous aurons ainsi parcouru depuis Le Havre 741 kilomètres et passé 136 écluses... Reste de la route à faire mais cette partie où le tirant d'eau du Bananec était le maximum autorisé est passé ! Le Bananec se repose maintenant dans le charmant port de Toul... jusqu'à la prochaine étape. A suivre...
DEUX PORTS CHARMANTS DE LORRAINE...
![]() Le charmant port de Toul est remarquable par l'accueil du responsable de la ville et aussi par celui des résidents à l'année. L'environnement est agréable avec des espaces verts fleuris, un parking et un bloc sanitaire très bien entretenu. Les frais de port sont raisonnables. Le seul regret est que les douches sont froides mais nous savons que la ville envisage de remédier à cela. Le Bananec Blues va donc hiverner ici en toute sécurité. Il faudrait aussi demander aux corbeaux de ne pas faire autant de bruit... |
![]() ![]() NANCY... Le port de Nancy est un havre fort agréable, fleuri et animé, assez proche de la ville. L'accueil de Franck, le Maître de port est particulièrement chaleureux. Il offre à ses navigateurs tous les documents utiles afin de visiter la ville ou trouver le commerce indispensable. Qu'il soit remercié pour son sourire, sa bonne humeur et son professionnalisme... La capitainerie est moderne et agréable et on y trouve tout le confort dans des sanitaires nickels. L'été, quand le port est plein, il est utile de parler l'allemand pour partager un peu avec ses voisins de ponton...
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